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Stress, le mal du siècle !


Le stress en milieu professionnel : gestion
Comment gérer son stress au travail ?

Le stress est un sujet d’actualité majeur. Depuis 30 ans le monde du travail connait de nombreuses mutations technologiques, sociales, organisationnelles et humaines dans un monde devenu complexe et incertain. Les niveaux de stress et d’anxiété des individus ne cessent d’augmenter.


L’enquête « People at Work 2022 parWorkforceView » d’ADP indique que près des deux tiers des salariés français (64 %) déclarent ressentir du stress au travail au moins une fois par semaine.


Stress : de quoi parle-t-on ?


En 1936, Selye Hans, directeur de l’institut de médecine et de chirurgie de l’Université de Montréal, pionnier en matière d’études sur le stress a défini le « un syndrome général d’adaptation » c’est-à-dire, les réactions à court et à long-terme de notre corps face au stress.


Aujourd’hui, la définition du stress retenu conventionnellement est celle de l’agence européenne pour la santé et la sécurité au travail de Bilbao : « un état de stress survient lorsqu'il y a déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face.


D’un point de vue biologique, le stress est un phénomène naturel, un processus vital, un mécanisme de défense inscrit dans les gènes de l’homme : « fuir, combattre ou se soumettre ».


Le stress est à distinguer des autres notions qui sont souvent la conséquence d’un stress maintenu dans le temps : le mal être, la souffrance au travail et l’épuisement professionnel. Le mal être est un état émotionnel vague de ressenti pénible en lien avec le contexte organisationnel et relationnel. La souffrance au travail est, elle, une douleur, une expérience d’affect négatif en lien avec le travail. Enfin, l’épuisement professionnel (ou burn-out) est un épuisement physique et psychologique grave qui conduit au développement de maladies physiques et ou psychiques et nécessite une prise en charge médicale.


Comment fonctionne le stress ?


On décrit 3 phases dans la réaction à une sollicitation de l’environnement dans « le syndrome général d’adaptation » :

- la phase d’alarme où l’organisme met en jeu toutes ses ressources pour faire face à la situation de menace ;

- la phase d’adaptation ou de résistance, l’organisme lutte pour faire face à une situation difficile

- la phase d’épuisement où l’organisme est dépassé par la situation. L’organisme est mis en état d’alerte par activation du système sympathique et médullosurrenalien. Ceci entraîne la libération d’adrénaline par les médullosurrenales et de noradrénaline par les terminaisons nerveuses du système sympathique.


Quels peuvent être les facteurs de stress au travail ?


Les causes du stress peuvent être divisées en deux catégories principales : psychosociaux/ organisationnels et individuels.

Les facteurs de stress organisationnels et psychosociaux sont liés à l'environnement de travail et aux conditions de travail et comprennent notamment :

• La surcharge de travail

• Le manque de clarté des objectifs

• Le manque de soutien de la hiérarchie

• Les relations conflictuelles avec les collègues ou la hiérarchie

• La monotonie des tâches

• Le manque d'autonomie

• L'incertitude de l'emploi

• …


Les facteurs de stress individuels sont quant à eux liés à l’histoire, à la personnalité et aux schémas de chacun comme par exemple :


• Le perfectionnisme

• La peur de l'échec

• La difficulté à gérer le changement

• La faible estime de soi

• …


Quelles conséquences du stress sur la santé ?


Le stress chronique a un coût majeur pour l’organisme. Il se manifeste par des symptômes physiques (maux de tête, douleurs articulaires, troubles du sommeil, fatigue, …), émotionnels (nervosité, crise de larme, sentiment d’usure, angoisse, tristesse, …) et intellectuels (trouble de la concentration, oublis, erreurs, difficultés à prendre des décisions, …).


Par ailleurs, il est démontré scientifiquement que le stress est un risque pour la santé dans le développement de pathologies physiques et psychiques.


En effet, il est mis en évidence que la surproduction d’hormones pro-inflammatoires et les mécanismes physiques qui en résultent pour tenter de revenir au calme provoque des affections variées : altération de sécrétion des hormones, baisse immunologique avec une vulnérabilité aux maladies virales), baisse des taux de DHEA avec vieillissement prématuré des cellules et cancer, augmentation du taux de cortisol et maladies cardio vasculaire, de surcroît si le travail est sédentaire, augmentation du glucose et diabète, troubles musculo-squelettique, des troubles psychiques comme des troubles de l’humeur graves, la dépression, des troubles du sommeil, troubles de la concentration et addictions… Troubles psychiques qui peuvent aller jusqu’au trouble de stress post traumatique en réponse à un événement traumatisant ou des événements accablants répétés dans des situations de harcèlement moral par exemple…


Le stress favorise également les comportements de compensation ou d’évitements à risque ou excessif qui augmentent aussi le risque de maladie et de cancer (tabac, alcool, …).


Le « burn-out » est une autre conséquence d’un état de stress chronique professionnel. Il s’agit d’un syndrome d’épuisement physique et mental. Il se caractérise par trois symptômes :


  • L’épuisement émotionnel (impression de saturation affective et émotionnelle vis-à-vis de la souffrance d’autrui),

  • Le désinvestissement de la relation (avec des attitudes et des sentiments négatifs et cyniques envers la clientèle ou les usagers),

  • Une diminution du sentiment d’accomplissement personnel au travail (tendance à l’auto-évaluation négative en particulier vis-à-vis de son travail avec les clients ou patients). Cette situation, comme les autres pathologies précitées, requiert une prise en charge médicale.


Quelles peuvent être les conséquences du stress sur le fonctionnement de l’organisation ?


En milieu professionnel, les conséquences interviennent à plusieurs niveaux.


Les absences à répétition vont aussi engendrer des temps de gestion plus longs, des formations supplémentaires pour les nouveaux salariés et une dégradation de la qualité du travail pour tous. Le stress majore également la survenue des accidents du travail et des maladies professionnelles et en particulier les troubles musculo-squelettiques. Le climat général peut se dégrader rapidement en cas d’absences répétées ou de longue durée avec un report de charge sur les collègues présents qui verront eux-mêmes leurs niveaux de stress augmenter.


Le stress désorganise en raison des absences occasionnelles générées et les éventuelles restrictions d’aptitude, les demandes de reclassements, les situations de handicap ou d’invalidités avec aménagement de l’organisation et du travail et ou les inaptitudes médicale.


Le stress est aussi la source de coûts supplémentaires directs et indirects pour l’organisation comme les salaires de remplacement, les frais de formations complémentaires, les frais médicaux, les heures supplémentaires, …


Pourquoi agir contre les situations de stress ?


L’employeur est soumis à des obligations visant à protéger ses salariés. Le code du travail précise en effet notamment sans son article L 4121-1 :

« L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.

Ces mesures comprennent :

1° Des actions de prévention des risques professionnels, y compris ceux mentionnés à l'article L. 4161-1 ;

2° Des actions d'information et de formation ;

3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.

L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes. »


La responsabilité pénale de l’employeur peut être engagée.


Par ailleurs, l’autorité a tout intérêt à développer une culture de la prévention de bonnes conditions de travail et de la santé mentale au sein de son entreprise afin de permettre un développement durable et de qualité de ses équipes collectivement et de ses salariés individuellement.

Bien entendu et comme évoqué supra, la gestion du stress et plus globalement des RPS (risques psychosociaux) notamment de manière préventive permet de réduire les coûts importants des conséquences.


Alors, comment gère-t-on le stress ?


On intervient soit de manière préventive, en amont pour éviter ou réduire le stress ou de manière corrective, généralement en urgence.


Au niveau individuel :

Chaque individu peut intervenir à son niveau pour mieux gérer son stress. Une meilleure hygiène de vie et la pratique régulière du sport peuvent y contribuer. Une prise en charge par un médecin, un psychologue, un coach ou un thérapeute sur la thématique peut aider.


Plusieurs types d’interventions plus techniques sont possibles : travail sur les pensées, les schémas, l’affirmation de soi, travail sur le corps (respiration, relaxation, cohérence cardiaque, méditation, visualisation mentale, hypnose)…


Un travail peut également s’effectuer sur les missions du salarié en étudiant ce qui relève de son périmètre (en zone d’impact) et hors de son périmètre (hors zone d’impact). La démarche consiste à permettre au salarié de se responsabiliser et de prendre conscience de la réalité de la situation en identifiant précisément les leviers d’une action. Hors zone d’impact, le salarié n’a pas de prise et donc de responsabilité. Ce travail offre une autre lecture et permet au salarié de relativiser et de faire baisser la pression et le stress.


Au niveau collectif :

Une démarche globale avec une étude de prévention menée dans le cadre d’un vrai dialogue social associant tous les acteurs pour analyser de façon objective et subjective les facteurs de risques psychosociaux et concerter des solutions adaptées est l’idéal.


L’avantage est triple : prévenir les situations de stress, impliquer les collaborateurs et agir en totale transparence avec les représentants syndicaux dans une relation de confiance. Le plus souvent, la démarche s’appuie ou vient approfondir le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP). Ce document, obligatoire pour l’employeur permet de formaliser et consigner la méthode de travail et de programmer des actions préventives et correctives suivant une catégorisation des risques dont le stress par unité de travail.


Des interventions par des professionnels au niveau d’un collectif permettent également de limiter voire de réduire le stress en milieu professionnel : analyse des pratiques professionnelles, coaching d’équipe, co-développement, formation-sensibilisation par ateliers au stress et ses conséquences, groupes de parole.

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